Un mural est un décor destiné à animer la surface d’un mur. L’esthétique de l’installation résonne avec les formes circulaires des voûtes des ponts du village,des vitraux et la verticalité des piliers de l’église en vis à vis. Ce visuel crée un mouvement « murmurer » par le vivant qui y loge.
Une construction en pierres sèches occupe le pied du mur (L 50 cm x l 440 cm x h 25/80 cm), passant sous les fenêtres de carreaux de verre, elle constitue le premier étage de l’installation, destiné à l’habitat de Myriapodes, Forficules, Arachnides et Reptiliens. Les protégeant du soleil de la journée et du froid de l’hiver, il permet également une aération de la base du mur bâti. Ce muret de pierres sèches semble se dresser en son extrémité Est (80 cm) et clôture la forme circulaire évoquée par un bardage de bois, sans pour autant fermer le mouvement. Les pierres schisteuses proviennent des éboulis de la montagne proche.
Murmur de Cabrespine (vue de face)
Un bardage en bois constitué de 86 liteaux de longueurs différentes et d’essences de bois variées (Cèdre et Châtaignier) occupe la partie haute sous toiture de l’installation et dessine deux formes circulaires qui s’imbriquent l’une dans l’autre tout en créant une impression d’accélération d’un mouvement visuel d’Ouest en Est et de verticalité descendante. Un rappel de ce bardage en partie basse du mur reprend le mouvement circulaire montant, et forme une sorte de claustra sur la fenêtre de carreaux de verres Ouest. Le bardage en partie haute du mur accueille un étage constitué de cinq nichoirs pour différentes espèces d’oiseaux (Mésanges, Grimpereaux, Rouges-queues et Rouges-gorges) disposés dans un mouvement courbe, et cinq nichoirs pour Chauve-souris (Chiroptères) en sous pente, coiffant le dispositif d’une dynamique visuelle. Les nichoirs oiseaux et chauve-souris sont fabriqués par La Détournerie.
Un étage médian est lui constitué de sculptures entomologes de différentes géométries et essences de bois (Cèdre/Châtaignier/Chêne) qui animent la partie du mur centrale laissée nue.
Au total, pas moins de 28 sculptures entomologes de différentes dimensionsy prennent place et forment une fresque centrale rythmée par de fortes verticales et quelques discrètes horizontales qui ponctuent le mouvement du dessin. Ces géométries en trois dimensions de tailles variées sont destinées à accueillir de multiples espèces d’Abeilles solitaires (xylicoles ou à nids libres) au sein des trous de différents diamètres ; ainsi que d’autres insectes tels que Coccinelles, Chrysopes, Lépidoptères ou Forficules dans les nombreuses fentes. Elles sont installées à distance du mur et créent le relief de l’installation.
Pour plus de durabilité, les créations sont réalisées en bois de Cèdre/Châtaigner/Chêne massif local et traitées avec un mélange d’huiles végétales (huile de lin/huile d’Abrasin + pigments anti-UV). Des techniques d’ébénisterie et des structures métalliques permettent une fixation discrète des différentes sculptures, tenant le bois à distance du mur (3/5 cm) afin d’éviter toutes problématiques éventuelles d’un transfert d’insectes dans le mur, et assurent une respiration pour ce dernier et le bois des sculptures.
L’ouvrage pérenne « MURMUR de Cabrespine » figure un condensé d’un patrimoine commun. Installé sur le mur d’une bibliothèque, en regard du mur de l’église qui délimite un espace de vie animée par un végétal nourricier implanté dans des bacs de culture issues des techniques médiévales et un espace de vie sociale, le bistrot. Du sol à la plante, de l’insecte à la chauve-souris, de l’oiseau au reptile, à l’humain, un concentré d’interdépendances pour se sentir vivant, le murmure d’un écosystème collaboratif. Le défi ainsi lancé à cette installation réside dans l’habillage d’un mur « inesthétique » afin de lui redonner une valeur patrimoniale au sein d’un espace de nouveau valorisé.